Le confinement a été une rude épreuve pour les couples, qui n’en sortent pas tous indemnes.
La proximité forcée 24h/24, la continuité de l’enseignement scolaire à assurer auprès des enfants tout en maintenant le télétravail, ou bien le désœuvrement professionnel avec la mise au chômage partiel, l’incertitude de l’avenir économique, la peur de contracter la maladie, l’impossibilité de voir les amis et la famille… Autant de pesanteurs qui ont eu un impact psychique, individuellement et pour le couple.
Bien sûr, tous les couples n’ont pas été logés à la même enseigne, on confine plus facilement au vert qu’en plein centre ville dans un petit appartement.
Pour certains couples, déjà en grande fragilité, le confinement a laissé beaucoup de traces. La thérapie de couple peut alors aider à surmonter ces difficultés.
D’autres couples ont su développer des capacités d’adaptation, de créativité et d’organisation pour traverser positivement cette période. Comme quoi dans la crise il y a toujours une opportunité de rebond.
Dans cette période de confinement, j’ai poursuivi les thérapies conjugales par des entretiens en ligne. Alors que certains couples s’interrogeaient sur une séparation, l’expérience du confinement les a rapprochés et ressoudés, dans une forme de résilience*. Dans cette pandémie qui a bouleversé le monde, ils ont relativisé leurs difficultés et leurs conflits personnels. Ils ont puisé dans leurs ressources, pris le temps de réfléchir, de re-communiquer, voire pour certains de redécouvrir une sexualité endormie, même si ces périodes sont souvent associées à un relâchement de la sexualité.
Certains couples ont évoqué le désir de changer de vie, comme quitter Paris, repenser leur vie professionnelle, consommer différemment.
D’autres ont redécouvert la dimension familiale de leur couple en retrouvant un plaisir partagé pour dialoguer avec leurs enfants, faire des jeux de société, visionner des films ou des séries en famille. On a ri de bon cœur plus d’une fois devant les grimaces de Louis de Funés ! Et l’esprit familial a pris le pas sur les difficultés conjugales.
Comme l’expriment Sophie et Romain, mariés avec deux jeunes enfants, venus me consulter quelques mois avant le confinement pour envisager une séparation : « On a le sentiment d’être pas si mal ensemble. On croyait être arrivés au bout de notre histoire, et en fait, avec cette expérience du covid, on s’est rendu compte qu’on a encore de belles choses à vivre. »
Et après le déconfinement ?
Malgré l’aspiration à revenir à la normalité, les couples me font part de leur crainte à reprendre leur vie d’avant et leurs mauvaises habitudes. Ils se sentent vulnérables et ils expriment un réel besoin d’accompagnement dans cette phase.
Dans cette période transitoire, je les invite à réfléchir ensemble sur les enseignements du confinement:
- les points positifs dont ils se souviendront et qui leur serviront de point de repère
- Les travers dans lesquels ils ne veulent pas replonger pour protéger leur couple
- Un équilibre à trouver entre l’intérieur (dans lequel ils ont été plongés trop longtemps) et l’extérieur (vers lequel il est assez tentant de se précipiter individuellement, au risque de redéséquilibrer le couple). Le déconfinement, oui, mais pas trop vite !
Enfin il est capital de nourrir des projets à court et moyen terme pour rester optimistes dans une période aux contours encore très flous, pour que le couple survive au confinement.
* La résilience est un concept développé par le psychiatre Boris Cyrulnik, sur la capacité de chacun de rebondir plus fort d’une épreuve.