Trouver sa place dans une famille recomposée

Avec l’éclatement des schémas familiaux, plus d’un enfant sur 10 vit aujourd’hui dans une famille recomposée, parfois avec de nouveaux frères et sœurs, avec laquelle il faut apprendre à vivre.

Entre les frères et sœurs biologiques, les demi-frères et sœurs (un parent biologique en commun) ou les quasi-frères et sœurs (aucun parent biologique en commun), pas facile de trouver une place pour chacun ! Et que dire de la complexité des relations enfant / beau-parent ? Les obstacles d’une famille recomposée sont parfois difficiles à appréhender.

C’est un véritable enjeu dans une famille recomposée de créer une relation entre tous les protagonistes qui n’ont parfois aucun lien biologique entre eux. Ce défi nécessite de la souplesse, du compromis et du temps.

Comment les parents peuvent-ils faciliter les relations ? En clarifiant certains points auprès des enfants :

Différencier le rôle de chacun des adultes : Il est important que chaque beau-parent se positionne vis à vis de l’enfant de son conjoint en lui expliquant qu’il n’a pas vocation à remplacer son père ou sa mère, car certains enfants sont pris dans des conflits de loyauté. 

C’est le cas de Marine, 12 ans, qui en veut terriblement à son père d’avoir quitté sa mère pour une compagne ayant déjà elle-même deux enfants. Elle ne supporte pas la garde alternée mise en place par ses parents. Lors de la semaine chez son père, elle lui mène la vie dure et ne ménage ni sa belle-mère ni les enfants de celle-ci. 

La situation étant devenue insupportable, Marine et ses parents sont venus me consulter. La thérapie familiale a permis de reparler du divorce qui s’était mal passé et du conflit de loyauté de Marine vis à vis de sa mère. En mettant des mots sur ce que chacun ressentait, les tensions se sont apaisées progressivement. Marine a compris qu’elle pouvait s’entendre avec sa belle-mère sans trahir sa mère.

Poser des règles éducatives claires vis à vis des enfants : Les ex-conjoints sont souvent en désaccord sur les principes éducatifs (qui ont pu être à l’origine de la séparation). Quand cela est possible, il faut essayer de s’accorder sur l’essentiel, comme la scolarité, les sorties, l’usage de l’ordinateur… Sinon, il faut que les enfants apprennent à composer avec des règles clairement établies qui ne sont pas nécessairement les mêmes chez papa ou chez maman. 

Et quand les nouveaux conjoints, déjà parents chacun de leur côté, ne partagent pas les mêmes valeurs éducatives ? Ce sont des sources de crispation. Là encore il est important que les conjoints établissent des règles communes, et parfois l’aide d’un professionnel peut les y aider. 

Enfin donner à chaque enfant le sentiment qu’il occupe une place essentielle au sein de la famille. Cela passe par l’espace physique qu’on lui laisse, car qui dit place physique dit place psychique. Si une chambre séparée n’est pas envisageable, on peut délimiter l’espace personnel d’un enfant avec son lit et son bureau pour qu’il ait son coin à lui. Et on le lui réserve, même les semaines où il n’est pas là. 

Mathieu, 14 ans, vit en garde alternée. Lors de la semaine chez son père, sa chambre qu’il occupe chez sa mère est envahie par sa quasi-sœur (22 ans, étudiante) qui vient s’y installer pour réviser ses examens. Quand il rentre, il retrouve son bureau envahi. « J’ai l’impression de ne plus avoir ma place » soupire-t-il. 

Et les relations au sein de la fratrie ? 

Il faut éviter les injonctions « il faut s’aimer coûte que coûte » proclamées par certains parents soucieux de fonder « une vraie » famille recomposée, c’est souvent contre-productif car les enfants n’ont pas choisi la situation ! Mieux vaut mettre en avant des valeurs de respect et de solidarité, expliquer que les différences sont complémentaires pour que chacun puisse se sentir appartenir au groupe familial. Laisser les enfants s’apprivoiser sans trop s’en mêler, et enfin développer des loisirs communs à partir du jeu, car le jeu crée du lien. 

La tâche est complexe, mais il faut faire confiance au temps. Recourir à la thérapie familiale aide aussi à réguler les tensions et améliorer la communication, en permettant à chacun d’exprimer ses émotions et ses ressentis de la situation. 

A lire 

  • Petits règlements de compte en Famille, Nicole Prieur (Albin Michel)
  • Former une famille recomposée heureuse, Jean Paul Sauzède et Anne Sauzède-Lagarde (Dunod)

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *